Le poème de la semaine (09/11/2011)

S. Corinna Bille

A travers mes larmes
J'ai revu les lieux de notre amour:
La colline de pins noirs
Où tremblait l'anémone
Et les étangs profonds.
 
Derrière un rocher,
Me guettant comme le chasseur,
Tu t'étais caché.
Et moi je t'attendais,
Endormie dans l'herbe rousse ...
 
J'avais traversé le fleuve
pour venir au rendez-vous,
Marché longtemps sur les routes
Et mes souliers dans la main,
Sur les pierres gluantes, je glissais.
 
Ma jupe lourde d'eau
Je la mis sécher au soleil
De ce premier printemps,
Mais qui fut le jour
Le plus long de ma vie.
 
Pour mon malheur et pour ma joie
Je t'ai suivi
Et je devins l'Epouse
Porteuse d'enfants blonds et noirs
Et de rêveries coupables.
 
Mon corps est devenu le monde
Mais mon âme est humble
Et je t'obéis.
 
Sur la colline,
La harpe des vignes est blanche encore
Et ne vibre pas.
Les lacs sont aveugles
La terre a une odeur de cimetière.
 
Mon pauvre aimé des âcres jours,
Mon Epoux,
Je sais qu'il t'a fallu errer longtemps
Sur des chemins accores
Pour rester auprès de moi.
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

05:34 Écrit par Claude Amstutz | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |