Le poème de la semaine (06/07/2011)

Gisèle Prassinos

Je veux rester dans ma niche
et ne voir personne.
Je veux garder mon os
et le ronger seul, à petits coups,
jusqu'à en faire un chef d'oeuvre.
 
Chaque nuit, j'y travaillerai.
Je n'ai pas besoin de lumière,
mes dents sont des outils complets.
Si j'ai froid, je hurlerai peut-être
et me lamenterai
d'être délaissé.
 
Au moindre bruit de pas,
pour ne pas subir l'humiliation
d'une main compatissante
sur mon poil sensible,
je ferai le mort,
respirant à peine,
à l'écoute du seul secours
que j'attends.
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

05:41 Écrit par Claude Amstutz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |