La citation du jour (31/01/2015)
Siri Hustvedt
Certains d'entre nous sont destinés à vivre dans une case dont il n'est de libération que temporaire. Nous autres aux esprits endigués, aux sentiments entravés, aux coeurs arrêtés et aux pensées réprimées, nous qui aspirons à exploser, à déborder en un torrent de rage ou de joie ou même de folie, nous n'avons nulle part où aller, nulle part au monde parce que nul ne veut de nous tels que nous sommes, et il n'y a rien d'autre à faire qu'embrasser les plaisirs secrets de nos sublimations, l'arc d'une phrase, le baiser d'une rime, l'image qui prend forme sur le papier ou la toile, la cantate intérieure, la broderie cloîtrée, le travail d'aiguille sombre ou rêveur venu de l'enfer ou du ciel ou du purgatoire ou d'aucun des trois, mais il faut que viennent de nous quelque bruit ou quelque fureur, quelques éclats de cymbales dans le vide.
Siri Hustvedt, Un été sans les hommes (Actes Sud, 2011)
00:00 Écrit par Claude Amstutz | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : citations; livres | | Imprimer | Facebook |
Commentaires
Trés belle citation, d'autant qu'elle me parle au niveau du vécu.., et qu'en termes élégants ces choses-là sont dites: "les plaisirs secrets de nos sublimations", "la cantate intérieure", "la broderie cloîtrée" ... et là ici maintenant, je me dis que oui vraiment, pour exister entier, pour résister en homme "il faut que viennent de nous quelque bruit ou quelque fureur, quelques éclats de cymbales dans le vide"...
Écrit par : Kass | 24/05/2011