La citation du jour (12/02/2015)
Danièle Sallenave
La littérature trouve son sol là où se conjuguent jusqu'à l'angoisse l'amour de la vie et la certitude de devoir mourir, le goût et la célébration des choses créées, la douleur de les voir disparaître, le sentiment de la fuite du temps, et le désir de s'établir en un lieu où la finitude soit rachetable. La littérature est toujours au seuil d'un sentiment paralysant et infécond, la mélancolie. Tout ce qui naît de l'exigence littéraire, avant de se transformer en joie, est marqué d'une liaison sombre, non dite, mystérieuse, innommée avec le sentiment de l'irréparable et de la perte. Il y a quelque passage secret, et peut-être même quelque identité de nature entre la littérature et la mélancolie; nul n'écrirait ni ne lirait s'il ne s'était jamais senti ébranlé jusqu'au fond de soi par la déchirante douleur de survivre.
Danièle Sallenave, Le don des morts - Sur la littérature (Gallimard, 1991)
00:00 Écrit par Claude Amstutz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citations; livres | | Imprimer | Facebook |