Le poème de la semaine (27/10/2010)

Henri Michaux


Rends-toi, mon coeur.

Nous avons assez lutté,

Et que ma vie s'arrête,

On n'a pas été des lâches,

On a fait ce qu'on a pu.


Oh! Mon âme,

Tu pars ou tu restes, 

Il faut te décider,

Ne me tâte pas ainsi les organes,

Tantôt avec attention, tantôt avec égarement,

Tu pars ou tu restes,

Il faut te décider.

Moi, je n'en peux plus.


Seigneurs de la Mort

Je ne vous ai ni blasphémés ni applaudis.

Ayez pitié de moi,

voyageur déjà de tant de voyages sans valise,

Sans maître non plus, sans richesse,

et la gloire s'en fut ailleurs,

Vous êtes puissants assurément

et drôles par-dessus tout,

Ayez pitié de cet homme affolé

qui avant de franchir la barrière

vous crie déjà son nom,

Prenez-le au vol,

Et puis,

qu'il se fasse à vos tempéraments

et à vos moeurs,

s'il se peut,

Et s'il vous plaît de l'aider,

aidez-le, je vous prie.


Quelques traces de craie dans le ciel,

Anthologie poétique francophone du XXe siècle

01:04 Écrit par Claude Amstutz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |