Le poème de la semaine (18/08/2010)
Stéphane Mallarmé
O rêveuse, pour que je plonge
Au pur délice sans chemin,
Sache, par un subtil mensonge,
Garder mon aile dans ta main.
Une fraîcheur de crépuscule
Te vient à chaque battement
Dont le coup prisonnier recule
L'horizon délicatement.
Vertige! Voici que frissonne
L'espace comme un grand baiser
Qui, fou de naître, pour personne
Ne peut jaillir ni s'apaiser.
Sens-tu le paradis farouche
Ainsi qu'un rire enseveli
Se couler du coin de ta bouche
Au fond de l'unanime pli?
Le sceptre des rivages roses
Stagnants sur l'or des soirs, ce l'est,
Ce blanc vol fermé que tu poses
Comme le feu d'un bracelet.
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle
17:22 Écrit par Claude Amstutz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |