La rentrée littéraire 2/3 (25/07/2011)
Bloc-Notes, 25 juillet / Les Saules
Poursuivons un bout de chemin en compagnie des auteurs de langue française, plutôt inspirés en cette rentrée littéraire automnale, contrairement aux années précédentes.
Ainsi, mérite d'être signalé le troisième roman d'une lyonnaise, Virginie Ollagnier, Rouge argile (Liana Levi). Intimiste et grave, mais sans lourdeur, il évoque à la mort du père adoptif de la narratrice, un retour aux sources dans le Maroc des années 50, peuplé de fantômes et de souvenirs, mais aussi porteur d'un temps qui lave les deuils et les blessures. Un ton sobre, chaleureux pour un livre que les extraits de correspondance intégrés au récit, nous font respirer tous les parfums et la proximité.
Après la Tunisie de Colette Fellous, de même que chez Virginie Ollagnier, Fouad Laroui nous emmène avec La vieille dame du riad (Julliard) au Maroc où un couple de français qui vient d'acquérir une maison à Marrakech, découvre une femme mystérieuse ne parlant pas un traître mot de français, qui semble habiter les lieux depuis toujours et se montre peu encline à partir ... Un timbre enjoué, comme dans ses précédents romans - Une année chez les français ou Les dents du topographe - pour nous partager avec une tendre ironie des réalités pas toujours drôles.
Lionel Trouillot, quant à lui, dans La belle amour humaine (Actes Sud), célèbre la fraternité des Caraïbes nécessaire à la survie face aux puissants qui tiennent pour acquis leurs droits, leurs possessions. A travers une femme sur les traces de son père, à la manière d'un Dany Laferrière, il réhabilite - si besoin est - les qualités de coeur de son peuple, avec une générosité contagieuse.
Surprise de l'an dernier dans ce paysage littéraire pour Mon couronnement - chouchouté par les libraires - Véronique Bizot nous revient aujourd'hui avec Un avenir (Actes Sud) et sonde une famille qui revit sous nos yeux au rythme du quotidien, ponctué par les événements ordinaires des heures et des saisons, l'imprégnant d'une saveur particulière. Un écriture séduisante, proche de la poésie.
Avant de passer aux lettres étrangères, je conclus ce tour d'horizon sommaire - non sans mentionner L'équation africaine de Yasmina Khadra (Julliard) et Le cas Sneidjer de Jean-Paul Dubois (L'Olivier) - avec Nos souvenirs de David Foenkinos (Gallimard), déjà pressenti selon quelques experts, pour un Prix Goncourt 2011, ce qui, je l'avoue, me ravirait bien davantage que la cuvée 2010 consacrée à La carte et le territoire de Michel Houellebecq! Dans ce livre, l'auteur de La délicatesse, au décès du grand-père de notre narrateur, interroge sa mémoire, médite sur le temps et les liens entre les générations. Un auteur qui, décidément, sait exprimer avec talent et sensibilité la gravité des choses de la vie avec une légéreté très émouvante!
A suivre ...
image: Virginie Ollagnier
00:14 Écrit par Claude Amstutz | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; livres | | Imprimer | Facebook |
Commentaires
Votre article est vraiment une belle récompense à notre travail. Merci mille fois!
Écrit par : hotel Marrakech | 02/09/2011