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27/05/2015

Le poème de la semaine

René Depestre

Une fois, il y a très longtemps
J'ai voulu aimer une femme sans couleur.
 
Une femme sans jour et sans nuit
Une femme sans azur dans ses gestes
Ni tournesols dans ses passions
Une femme sans neige ni lumière
Sans oranges ni cerises
Une femme sans la belle couleur noire
De la noblesse humaine.
 
On me parla d'une petite fée
Qui vit dans une étoile lointaine.
Une nuit elle me donna à aimer
Sa jeune peau sans couleur.
 
J'aimai ses seins, son enfance,
Ses cuisses, ses secrets, ses cris,
Ses nuages, son ventre, ses vagues
Et les papillons sans couleur
Qui volaient dans son silence.
 
Au moment de nous séparer
Là-haut dans son étoile
En guise d'adieu son corps de fée
Dessina au beau milieu du lit
Un arc-en-ciel.
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

02:28 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |